mercredi 1 décembre 2021

"Une grande actrice" (Stefan Liberski)

                                   


A l'occasion de la sortie de son septième roman, "Une grande actrice", l'écrivain belge Stefan Liberski (70 ans) a répondu aux questions des journaux du groupe "L'Avenir" :

"Comment est né ce personnage ?
- Elle n'est pas loin d'un personnage très proche de moi. Il y a des échos autobiographiques là-dedans. Après, il faut faire revivre, faire exister les événements, les sentiments. Ce n'est pas tellement important que ça soit une autofiction ou pas, c'est une histoire qui s'est imposée.

- Cette femme est tellement excessive que c'est un super personnage de roman ?
- C'est quelqu'un de très énigmatique, quelqu'un qui n'a jamais appliqué la maxime grecque "Connais toi toi-même", mais qui jugeait que tout le monde était un imposteur. Il y a deux parties :  celle où elle domine son mari et celle où elle rencontre Josyane, qui prend le dessus. Et à travers ça, il y a ses enfants qui font ce qu'ils peuvent pour ne pas devenir dingues.

- On sent en même temps que son fils Roman l'admire. Il dit qu'elle est bluffante.
- Il y a un amour énorme. Elle le défendait du père quand il était petit. Il y a une reconnaissance, une gratitude.

- Elle joue tellement tout le temps qu'elle n'imagine pas que les autres fassent autrement.
- En quelques secondes, elle voit ou elle croit voir le piège, l'imposture de chacun. Mais elle n'applique pas la chose à elle-même.

- Josyane, surnommée "le Tas" par les enfants de Jacqueline, est elle aussi tellement excessive. Est-elle le symbole de quelque chose?
- Non, c'est quelqu'un avec qui elle est associée. Jacqueline dit que Josyane est vide, mais c'est en quelque sorte le reflet d'elle-même. Le fils doit sans cesse accepter toutes ses contradictions. Il s'en sort par l'humour, d'où le comique parfois involontaire. Les personnages sont assez modernes, il y a ces excès, ces voyages permanents, les restaurants gastronomiques, les parcs d'attractions. C'est très contemporain. 

- C'est une sorte de symbole de la société de consommation : elle ne vit pas les voyages, elle en fait des listes en se disant que ça, c'est fait ?
- Oui, c'est une sorte de caricature. Ca explique pourquoi Jacqueline Boulanger s'associe à elle. Avec elle, elle peut ne faire que critiquer et en même temps, elle profite de ce flux, de ces voyages. Un voyage chasse l'autre et il n'en reste rien que des photos sans personne dessus, qui sont rangées dans une boîte et que personne ne regarde jamais.

- Il y a une sorte de distance dans la manière de raconter cette histoire. Vous exposez les faits bruts à l'appréciation du lecteur ?
- C'est volontaire. Je ne voulais pas employer des termes psychologiques qui pourraient expliquer certains comportements, je ne voulais pas fermer l'authenticité. Mon intention, c'était que le lecteur éprouve ce que Roman a vécu auprès de cette mère extravagante et extraordinaire".

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