mercredi 3 octobre 2018

"La vraie vie" (Adeline Dieudonné)

                          «Ce que j’aime chez mon héroïne, c’est sa façon de refuser le statut de proie».

En Belgique francophone, c'est incontestablement la grosse découverte de cette rentrée littéraire :  "La vraie vie", le premier roman d'une jeune Bruxelloise de 36 ans, publié par les éditions L'Iconoclaste. Elle a raconté son parcours à la presse :   "Mon parcours est assez chaotique. J'ai une formation de comédienne, mais ça n'a jamais vraiment marché. Alors, j'ai fait des tas de boulots :  assistante de production, travail dans un cabinet d'architectes, j'ai même vendu des sextoys! Puis, voici trois ans, la crise de la trentaine, les attentats, la violence, je me suis interrogée sur plein de choses. J'étais un peu désespérée face à toute cette violence, inquiète pour l'avenir de mes enfants. Et un jour, j'ai commencé à écrire....  Cette histoire, elle est un peu sortie de nulle part. J'ai fait beaucoup d'impro dans ma vie et j'ai fait la même chose en commençant mon roman. C'est comme ça qu'il est né. Puis, j'ai réfléchi : qu'avais-je voulu dire? Et j'ai écrit".

L'héroïne et narratrice du roman a 10 ans lorsque commence le récit et 15 ans lorsqu'il se termine. Elle vit dans un vieux lotissement avec son petit frère Gilles, sa maman transparente et craintive face au père, un homme violent. L'histoire bascule le jour où le siphon à chantilly du marchand de glace éclate littéralement la tête du pauvre homme face au petit Gilles tétanisé. L'enfant va perdre son sourire et verser petit à petit dans la violence, entraîné par son père. Pour redonner le sourire à son frère, la gamine va décider d'échapper à cette vie en cherchant à remonter le temps et empêcher le stupide accident du glacier. L'adolescente doit ensuite accepter que c'est dans la réalité qu'elle doit trouver une solution...

Adeline Dieudonné fait une entrée triomphale dans les Lettres Belges :  déjà Prix FNAC 2018,  "La vraie vie" est désormais en lice pour les prix Goncourt et Renaudot! Elle a répondu aux questions de la journaliste Lucile Poulain pour "Le Soir Mag" :

"Vous abordez des sujets graves tels que la violence conjugale. L'aspect engagé de votre histoire était-il voulu?
- Honnêtement, ce n'était pas prémédité. Le rapport de l'homme à la nature et ses pulsions animales font partie de ce que j'appelle "mes obsessions". Je me suis imprégnée de sa relation avec le monde vivant, l'état de prédation qu'il entretient en tant que chasseur et qu'il peut calquer sur sa famille ou son entourage, encore de nos jours. Ce qui est aussi palpable dans la tension du livre, c'est l'inquiétude que j'ai pour mes enfants et les générations à venir. Mais avec la chasse, il y a aussi la survie, et ma petite héroïne découvre peu à peu ce qu'elle a à disposition pour s'en sortir dans la vie. Quel métier, quels alliés... Finalement, c'est plein d'espoir.

- On découvre des personnages qui ressemblent à Monsieur et Madame Tout-le-monde. A quel point vous êtes vous inspirée de votre vraie vie?
- Le drame initial - que je ne vais pas révéler - se voulait être un souvenir d'enfance. Ensuite, j'ai fait des mélanges de plusieurs familles, c'est un grand melting-pot de gens que j'ai croisés. J'ai, par exemple, donné le prénom d'une femme que je connais à un des personnages pour lui rendre hommage :  Lyuba. Son histoire m'avait profondément bouleversée et j'ai fait en sorte qu'elle s'en tire mieux dans le livre que dans la vraie vie...

- Vous êtes mère de deux petites filles. Ont-elles été tentées de lire le récit de votre jeune héroïne?
- Non, elles sont trop jeunes. Par contre, l'autre jour, je ré-écoutais la version audio du livre que j'ai enregistrée il y a quelques semaines (j'ai même dû passer un casting!) et ma plus grande était près de moi. J'ai été très amusée de la voir rire aux éclats en écoutant, ça l'intrigue beaucoup, elle se demande qui sont ces gens et d'où viennent les horreurs que je raconte. J'ai d'ailleurs redécouvert le livre en enregistrant la lecture, c'était une expérience incroyable. J'ai beaucoup pleuré à certains passages, je ne m'y attendais pas du tout.

- Vous avez commencé à écrire il y a seulement deux ans. Quel a été votre déclic?
- Je traversais une sorte de crise de la trentaine. Un matin, alors que j'étais au chômage depuis peu, je me suis demandé ce que j'allais faire de ma journée. Une amie m'a conseillé par téléphone d'écrire ce que je ressentais, et c'est comme ça que ma première nouvelle a vu le jour. Ce dont je suis sûre, c'est qu'aujourd'hui, je n'ai plus envie de faire de choix. J'espère pouvoir continuer à être comédienne, à écrire, à rester éclectique dans mes activités, sans devoir me forcer à faire quoi que ce soit.

- Votre roman est apparu sur la liste des candidats au prix Goncourt. Comment avez-vous reçu la nouvelle?
- C'est mon éditrice qui m'a appelée en haut-parleur, avec toute son équipe de filles derrière elle. C'est une meute de louves, 100% féminine et féministe!  On a hurlé de bonheur toutes ensemble, c'était un superbe moment. Je dois dire qu'en ce moment, je m'amuse beaucoup, je fais de magnifiques rencontres. En réalité, je n'en reviens toujours pas...".

Souhaitons bon vent à Adeline Dieudonné pour la suite de sa carrière littéraire !



1 commentaire :

  1. Je suis en train de lire, j'ai dépassé la moitié, et franchement, ça ne me dit pas grand-chose. On verra si je changerai d'avis à la fin de ma lecture (ça m'arrive), mais là, je me demande pourquoi tout ce raffut !
    Bon weekend.

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