samedi 20 juin 2009

"La Mandarine Blanche" (Rémi Bertrand)

Né à Charleroi (Belgique) en 1982, Rémi Bertrand a effectué des études de philologie romane et d'édition à l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve. En 2001, il participe à un séminaire d'écriture organisé par l'écrivain belge Vincent Engel qui débouche sur la publication confidentielle de sa nouvelle "Le gant". Après des stages chez les éditions Fayard et Gallimard à Paris, l'année 2005 voit le début de sa carrière littéraire : les Editions du Rocher publient son essai "Philippe Delerm et le minimalisme positif" (en janvier) et son premier roman "La Mandarine Blanche" (en octobre).

"La Mandarine Blanche" est une courte fiction de 74 pages sur l'euthanasie et l'acharnement thérapeutique qui se lit en une bonne heure. Au début, j'ai été un peu perturbé par la construction originale de cet ouvrage, conçu comme un puzzle en trois histoires, répondant chacune à trois périodes de la vie du narrateur (l'enfance, l'âge adulte et la mort). Au fil des pages, j'ai cependant mieux compris les intentions de Rémi Bertrand. Je conseille d'ailleurs une deuxième lecture qui fait apparaître avec évidence l'agencement du texte et fait mieux comprendre certains jeux de mots et allusions.

L'histoire : de son enfance à sa mort, le narrateur trentenaire Jonathan Demain semble n'avoir jamais quitté l'univers blanc et mystérieux de l'hôpital. A l'âge de six ans, il rencontre Robert le Toubib qui lui explique la signification des soins palliatifs. J'aime beaucoup cette phrase pleine de poésie ("Moi, j'aurais plutôt appelé çà la salle d'apaisement ou le coin des fées").

Victime d'un accident de travail, Jonathan est maintenu artificiellement en vie, mais refuse l'acharnement thérapeutique dont son père a été victime avant lui.

En jouant sur la corde sensible des lecteurs, ce roman est un plaidoyer pour l'euthanasie, comme le prouve cet extrait : "La vie ne m'intéresse plus. Ni celle des autres, ni la mienne. J'ai trop mal pour m'en préoccuper. Je souffre trop pour la désirer encore. Dis-moi où est l'interrupteur : j'appuierai moi-même puisque tu ne t'y résous pas. Donne-moi la morphine. Calme mes convulsions. Soulage mon thorax ; ma poitrine brûle à chaque inspiration. Fais-moi ingurgiter toutes tes substances ; apporte-moi les gélules pour qu'on les voie enfin, pour que la chimie tue la chimie et que l'homme retrouve sa dignité. Je te l'ai dit : je n'attendrai pas demain. C'est maintenant ; il faut agir. Je ne veux pas revivre le destin de mon père. Je ne veux pas disparaître : je veux mourir".

Un seul reproche : je regrette l'absence des arguments des adversaires de l'euthanasie que le narrateur aurait pu discuter. Ce mini-débat aurait été intéressant au sein du roman. Souhaitons une longue carrière à ce jeune et talentueux écrivain belge...

3 commentaires :

  1. En tout cas, un sujet qui devrait faire débat! Et personnellement ... je suis pour que la possibilité de l'euthanasie existe. Maintenant ... c'est une arme à double tranchant, nous le savons. Mais je suis pour!

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  2. Bonjour Petit Belge, je souhaiterais nuancer en rappelant qu'il faut d'abord se mettre d'accord sur ce qu'est l'euthanasie et distinguer l'euthanasie passive (qui s'oppose à l'acharnement thérapeuthique) de l'euthanasie active. Merci pour cette découverte.

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  3. Mais qu'il est intéressant, ce blog ! Bravo !

    Marcel Sel.

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